Jumièges

La Gesta Normannorum ducum, « Exploits des Ducs des Normands », est l’œuvre du moine Guillaume DE JUMIÈGES. Rédigée autour des années 1060, elle retrace l’histoire de la Normandie et des Normands depuis les invasions vikings. Sur ordre de Guillaume le Conquérant, le récit est poursuivi à partir de 1070 par Orderic Vital et Robert de Torigni.
Dans cet ouvrage essentiel aux historiens de la Normandie, sont illustrées les utilisations de la Seine comme vecteur de déplacement, moyen de délimitation des territoires, et lieux de vie militaire. Il est question ici d’une bataille livrée par les Danois et du siège de Jumièges.

L’Abbaye de Jumièges abrite une légende diffusée à partir du XIIe siècle. Elle raconte le châtiment que le roi Clovis II et son épouse Bathilde, future sainte, ont infligé à leurs deux fils pour avoir tenté d’accaparer le trône : ils leur font brûler les tendons, et, depuis Paris, les laissent dériver sur une barque sur la Seine. La barque finit sa course à Jumièges, où le fondateur de l’abbaye les recueille.
Cette légende a fait l’objet de nombreuses représentations picturales, elle a aussi inspiré les écrivains, et est évoqué par Ronsard (La Franciade), Proust (A la Recherche du temps perdu), Maurice Leblanc (La Comtesse de Cagliostro), Guy de Maupassant (Fort comme la mort), Dominique Noguez (Dandy de l’an 2000), entre autres.
Au Moyen Âge, plusieurs versions du récit ont été composées. Au XIVe siècle, le Miracle de Sainte Bautheuch propose une version une version théâtralisée de la légende. Dans le texte qui suit, le personnage de Genais annonce aux deux fils qu’ils vont devoir quitter le royaume par la Seine.

La Franciade est une épopée inachevée de Ronsard (1524-1585), consacrée à l’histoire de France. Dans cet extrait du quatrième livre, le poète se réfère à la légende des Énervés de Jumièges. Elle raconte le châtiment que le roi Clovis et la reine ont infligé à leurs deux fils pour avoir tenté d’usurper le trône alors que le roi était en croisade. Leur mère leur fait trancher ou brûler les tendons, et les laisse dériver sur un bateau sur la Seine. Le bateau finit sa course à Jumièges, où le fondateur de l’abbaye les recueille.
De cet épisode légendaire Ronsard tire une morale : ne pas aller à l’encontre de ses géniteurs. La Seine est ici le lieu du supplice.

Henri BEAUCLAIR (1860-1911) publie en 1885 son recueil satirique nommé Les Déliquescences d’Adoré Floupette. Y sont tournés en dérision le symbolisme et le décadentisme, courants dominant la fin du siècle. Dans ce poème, c’est la légende des Énervés de Jumièges qui sert de toile de fond à la parodie.

Dans La Force de l’âge, Simone de Beauvoir relate son expérience de professeure de philosophie à Rouen entre 1932 et 1937.
À l’occasion d’un séjour de Jean-Paul Sartre, elle visite le Musée des Beaux-arts, et est saisie par le spectacle d’une toile de Luminais représentant la légende des Enervés de Jumièges.
La légende raconte le châtiment que le roi Clovis II a infligé à ses deux fils pour avoir tenté d’usurper le trône alors qu’il était en croisade. Il leur fait trancher les tendons, et, depuis Paris, les laisse dériver sur un bateau sur la Seine. Le bateau finit sa course à Jumièges, où le fondateur de l’abbaye les recueille.
Cette légende a fait l’objet de nombreuses représentations picturales, elle a aussi inspiré les écrivains, et est évoqué par Ronsard (La Franciade), Proust (A la Recherche du temps perdu), Maurice Leblanc (La Comtesse de Cagliostro), Guy de Maupassant (Fort comme la mort), Dominique Noguez (Dandy de l’an 2000), entre autres.