Learn thanks to the Seine
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« Chanson de la Seine », 1949 / Paris-Les îles
Jacques PRÉVERT
Jacques Prévert (1900-1977) a souvent chanté la Seine. « Chanson de la Seine » apparaît au générique d’Aubervilliers (1945), un court métrage documentaire réalisé par Éli Lotar (1905-1969) pour sensibiliser la population aux difficiles conditions de vie en banlieue parisienne.
Le poète ajoutera quelques vers à cette « Chanson de la Seine » dans son recueil Spectacle (1949). La rivière incarne alors le mouvement, la fraîcheur, l’ouverture au monde, par opposition à la fixité de la pierre ou des institutions. Elle détient un pouvoir d’attraction, fait de jeunesse, de légèreté et de souplesse.
"Chanson de la Seine"
« La Seine a de la chance
Elle n’a pas de soucis
Elle se la coule douce
Le jour comme la nuit
Et elle sort de sa source
Tout doucement sans bruit
Et sans se faire de mousse
Sans sortir de son lit
Elle s’en va vers la mer
En passant par Paris.
La Seine a de la chance
Elle n’a pas de soucis
Et quand elle se promène
Tout au long de ses quais
Avec sa belle robe verte
Et ses lumières dorées
Notre-Dame jalouse
Immobile et sévère
Du haut de toutes ses pierres
La regarde de travers
Mais la Seine s’en balance
Elle n’a pas de soucis
Elle se la coule douce
Le jour comme la nuit
Et s’en va vers Le Havre
Et s’en va vers la mer
En passant comme un rêve
Au milieu des mystères
Des misères de Paris. »
Jacques PRÉVERT, « Aubervilliers, Chanson de la Seine III », Spectacle, Paris, ©Gallimard, 1949. Citation extraite du volume Folio, p. 174.
www.gallimard.fr
20th century | Poems | On | In | Along
« L’enfant et le maître », 1668 / HORS LIEU
Jean de La FONTAINE
Dans la fable « L’enfant et le maître d’école », Jean de La Fontaine (1621-1695) prête sa voix à un écolier qui, « badinant sur les bords de Seine », tombe dans l’eau du fleuve. Le maître d’école passe en cet endroit fort heureusement, mais il ne faudrait pas que les remontrances qu’il fait à l’enfant ne durent trop longtemps…
« L’enfant et le maître »
« Dans ce récit je prétends faire voir
D’un certain sot la remontrance vaine.
Un jeune enfant dans l’eau se laissa choir,
En badinant sur les bords de la Seine.
Le Ciel permit qu’un saule se trouva
Dont le branchage, après Dieu, le sauva.
S’étant pris, dis-je, aux branches de ce saule ;
Par cet endroit passe un Maître d’école.
L’Enfant lui crie : Au secours, je péris.
Le Magister se tournant à ses cris,
D’un ton fort grave à contre-temps s’avise
De le tancer. Ah le petit babouin !
Voyez, dit-il, où l’a mis sa sottise !
Et puis prenez de tels fripons le soin.
Que les parents sont malheureux, qu’il faille
Toujours veiller à semblable canaille !
Qu’ils ont de maux, et que je plains leur sort !
Ayant tout dit, il mit l’enfant à bord.
Je blâme ici plus de gens qu’on ne pense.
Tout babillard, tout censeur, tout pédant,
Se peut connaître au discours que j’avance :
Chacun des trois fait un peuple fort grand ;
Le Créateur en a béni l’engeance.
En toute affaire ils ne font que songer
Aux moyens d’exercer leur langue.
Hé, mon ami, tire-moi de danger :
Tu feras après ta harangue. »
Jean DE LA FONTAINE, « L’Enfant et le Maître d’école », Fables, Livre I [1668], FOLIO, 1986, p.
16th-17th century | Poems | In | Along
Sans famille, 1878 / LA BOUILLE
Hector MALOT
La Bouille est le village natal de l’écrivain Hector Malot (1830-1907), et l’on peut encore visiter la maison familiale. L’écrivain évoque la petite ville dans plusieurs de ses romans, dont son plus célèbre, Sans famille (1878). Alors que Rémi et son ami Mattia parcourent la France, Mattia est émerveillé par le spectacle de la Seine à La Bouille.
« Par Bayeux, Caen, Pont l’Evêque et Pont-Audemer, nous gagnâmes la Seine à La Bouille. Quand, du haut de collines boisées et au détour d’un chemin ombreux, dont nous débouchâmes après une journée de marche, Mattia aperçut tout à coup devant lui la Seine, décrivant une large courbe au centre de laquelle nous nous trouvions, et promenant doucement ses eaux calmes et puissantes, couvertes de navires aux blanches voiles et de bateaux à vapeur, dont la fumée montait jusqu’à nous, il déclara que cette vue le réconciliait avec l’eau, et qu’il comprenait qu’on pouvait prendre plaisir à glisser sur cette tranquille rivière, au milieu de ces fraîches prairies, de ces champs bien cultivés et de ces bois sombres qui l’encadraient de verdure. »
Hector MALOT, Sans famille [1878], Paris, Hachette, Le Livre de poche, p.57
19th century | Novel, short story | Along
Gargantua, [1534] / Boulogne-Billancourt
François RABELAIS
L’éducation du géant Gargantua, personnage créé par François RABELAIS, exige qu’un soin particulier soit accordé aux exercices physiques, conformément aux principes d’éducation humaniste. Alors Gargantua nage fougueusement dans la Seine. Cet épisode du roman ne bénéficie pas d’une localisation précise. Mais on peut se plaire à imaginer que ces séances de nage ont lieu à Boulogne, par exemple, où Ponocrates, le précepteur, conduit parfois son jeune élève pour se reposer de la grande ville.
« Ponocrates, pour le reposer de cette violente tension des esprits, choisissait une fois par mois un jour bien clair et serein où ils quittaient la ville au matin pour aller à Gentilly, à Boulogne, à Montrouge, au pont de Charenton, à Vanves ou à Saint-Cloud.
[…]
Gargantua nageait en eau profonde, à l’endroit, à l’envers, sur le côté, de tous les membres, ou seulement des pieds ; avec une main en l’air, portant un livre, il traversait toute la Seine sans le mouiller, en traînant son manteau avec les dents comme faisait Jules César. Puis, à la force du poignet, il montait dans un bateau d’un seul effort ; de là il se jetait de nouveau à l’eau, la tête la première, sondait le fond, explorait le creux des rochers, plongeait dans les trous et les gouffres. »
François RABELAIS, Gargantua [1534]. Citation extraite du volume Seuil, 1973, p. 118, 114.
16th-17th century | Novel, short story | In
A Moveable Feast (Paris est une fête), 1964 / MEUDON
Ernest HEMINGWAY
Paris est une fête est un récit autobiographique dans lequel l’auteur américain Ernest Hemingway (1889-1961) relate les années qu’il passe à Paris dans les années 1920, alors qu’il est encore un jeune créateur désargenté et mène une vie de bohème. Le livre dresse aussi un tableau du milieu intellectuel parisien au début du XXe siècle.
Ici, l’auteur se promène en bord de Seine et évoque le spectacle des pêcheurs. C’est l’occasion de mentionner le célèbre restaurant « La Pêche miraculeuse » à Meudon, dont le cadre est « digne d’un roman de Maupassant ».
« À la pointe de l’île de la Cité, au-dessous du Pont-Neuf, où se trouvait la statue d’Henry IV, l’île finissait en pointe comme l’étrave aiguisée d’un navire, et il y avait là un petit parc, au bord de l’eau, avec de beaux marronniers, énormes et largement déployés, et dans les trous et les remous qu’engendrait le mouvement de l’eau contre les rives, il y avait d’excellents coins pour la pêche. On descendait dans le parc par un escalier pour regarder les pêcheurs qui se tenaient là et sous le grand pont. Les endroits poissonneux changeaient selon le niveau du fleuve, et les pêcheurs utilisaient de longues cannes mises bout à bout, mais pêchaient avec de très bons avançons, des engins légers et des flotteurs de plume et ils amorçaient leur coin de façon experte. Ils attrapaient toujours quelque chose et faisaient souvent de forts bonnes pêches de goujons. Ceux-ci se mangent frits, tout entiers, et je pouvais en dévorer des platées. Leur chair était tendre et douce, avec un parfum meilleur encore que celui de la sardine fraîche, et pas du tout huileuse, et nous les mangions avec les arêtes, sans rien en laisser.
L’un des meilleurs endroits, pour en manger, était un restaurant en plein air, construit au-dessus du fleuve, dans le Bas-Meudon. Nous y allions quand nous avions de quoi nous payer un petit voyage hors du quartier. On l’appelait « La Pêche miraculeuse » et l’on y buvait un délicieux vin blanc qui ressemblait à un muscadet. Le cadre était digne d’un conte de Maupassant, et l’on y avait une vue sur le fleuve, comme Sisley en a peint. »
« At the head of the Ile de la Cité below the Pont Neuf where there was the statue of Henri Quatre, the island ended in a point like the sharp bow of a ship and there was a small park at the water’s edge with fine chestnut trees, huge and spreading, and in the currents and backwaters that the Seine made flowing past, there were excellent places to fish. You went down a stairway to the park and watched the fishermen there and under the great bridge. The good spots to fish changed with the height of the river and the fishermen used long, jointed, cane poles but fished with very fine leaders and light gear and quill floats and expertly baited the piece of water that they fished. They always caught some fish, and often they made excellent catches of the dace-like fish that were called goujons. They were delicious fried whole and I could eat a plateful. They were plumb and sweet-fleshed with a finer flavour than fresh sardines even, and were not at all oily, and we ate them bones and all.
One of the best places to eat them was at an open-air restaurant built out over the river at Bas Meudon where we would go when we had money for a trip away from our quarter. It was called La Pêche Miraculeuse and has a spendid white wine that was a sort of Muscadet. It was a place out of a Maupassant story with the view over the river as Sisley had painted it. »
Ernest HEMINGWAY, Paris est une fête, Traduit par Marc Saporta, Paris, ©Gallimard, 1964. Citation extraite du volume Folio, 1993, p. 58. www.gallimard.fr
20th century | On | Along